Références scientifiques > Idées fortesQuelques citations de J. Hebenstreit autour de la place de l’informatique à l’écoleG-L Baron Les 5 citations qui suivent sont extraites de textes de J. Hebenstreit publiés de 1973 à 1992. S’agissant d’extraits, elles ne prétendent donc pas donner une vue exhaustif du point de vue de cet auteur. Elles ont été choisies pour illustrer ce qui est une constante de son point de vue relativement à l’enseignement d’une discipline informatique qui serait une sorte de transposition didactique de l’informatique universitaire. Il convient de se rappeler qu’en 1973 il n’y avait que quelques dizaines de mini-ordinateurs dans les lycées, tandis qu’en 1980 le rôle fondamental que les outils informatique étaient appelés à jouer était clair ; en 1992, internet n’est pas encore quelque chose de banal, mais les ordinateurs sont vraiment multimédias. 1973, sur les risques de l’enseignement de la programmationHebenstreit, J. (1973). Apport spécifique de l’informatique et de l’ordinateur à l’enseignement secondaire. Dans L’informatique dans l’enseignement secondaire. Numéro spécial. INRDP. https://edutice.archives-ouvertes.fr/file/index/docid/277797/filename/h73hebenst.htm Lorsqu'on enseigne un langage de programmation à des élèves, ceux-ci, après la phase d'utilisation du « gadget », se découragent parce qu'au fond ils n'ont pas de problèmes dont la taille justifie l'effort à investir dans les programmes pour les résoudre. Il semble donc que la bonne approche ne soit pas de commencer par l'apprentissage d'un langage de programmation et de faire programmer les élèves mais plutôt, encore qu'il n'y ait pas de règles absolues dans ce domaine :
Ce n'est finalement que dans une phase finale où les taches qu'on propose à l'élève sont d'une réelle complexité, et où la solution à la main serait plus longue qu'une solution sur ordinateur, que l'utilisation de celui-ci doit être introduit comme outil que l'on manipule à l'aide d'un langage de programmation. J'ai peur qu'en ne suivant pas cette voie, on ait très rapidement un phénomène de rejet devant le temps nécessaire à l'écriture d'un programme et que l'installation des ordinateurs dans les lycées ne se solde par un échec. 1973, sur la recherche-participativeIl s’agit d’un autre extrait du texte pécédent. Pour illustrer mon propos, je voudrais vous résumer en quelques mots le travail de deux années que j'ai mené avec une équipe de professeurs de physique. Ce groupe a travaillé, il faut bien le reconnaître, de façon intensive. La partie apparente de l'iceberg constituée par les trois heures hebdomadaires de réunion, cache la partie importante du travail qui se faisait en dehors de ces réunions et qui s'est soldée au total par un nombre très élevé d'heures de réflexion, de programmation et de tests. Je dois dire que les six premiers mois ont été particulièrement pénibles, puisque pendant cette période on n'a pas écrit une seule ligne de programme. En fait pendant ces six mois la discussion a tourné essentiellement autour de la question : « Que veut-on faire ? Quels sont les objectifs de l'enseignement, en termes des comportements que l'on veut obtenir en introduisant l'informatique dans l'enseignement de la physique ? » Ce n'est qu'après une discussion difficile, longue, souvent déprimante, qu'un certain nombre de concepts ont émergé, et qu'on a réussi finalement à se mettre d'accord sur l'idée suivante : Au fond, plus que faire passer des résultats de la physique en utilisant l'ordinateur, le but qu'on se propose est de familiariser l'élève avec la démarche du physicien, c'est-à-dire avec la méthodologie de la physique, et non avec les résultats de la physique. […] L'idée fondamentale a été d'utiliser l'ordinateur de façon à mettre l'élève en situation bien définie à l'avance où l'on puisse contrôler que les démarches intellectuelles qu'il suit pour exécuter la tâche proposée sont des démarches cohérentes au sens des sciences expérimentales. 1975, sur l’enseignement programméHebenstreit, J. (1975). Informatique et pédagogie. Bulletin de psychologie, 28(315), 358‑365.https://doi.org/10.3406/bupsy.1975.10593 La somme des connaissances accumulées est actuellement évaluées à 10 puissance 13 caractères et selon l'avis des experts, elle double à peu près tous les dix ans. L'enseignement conçu comme transmission de connaissances est voué à la faillite pour la simple raison que le temps qu'un individu peut consacrer à sa formation est fini et que sa vitesse d'apprentissage l'est également ; il en résulte que le produit des deux est fini alors que la quantité de connaissances que produit notre société n'a pas de limite. Il en résulte que l'enseignement programmé parce qu'il ne vise qu'à optimiser le processus de transmission des connaissances est lui aussi, tôt ou tard, condamné à la faillite en tant que technique générale d'enseignement. Seules les méthodes qui développent chez les élèves les démarches modélisantes propres aux différentes disciplines permettront à ceux-ci de dépasser le stade scolaire, c'est-à-dire le stade où ils savent résoudre les problèmes que l'on trouve dans les livres mais où ils se trouvent désarmés devant les problèmes réels. Il ne s'agit plus tant d'apprendre à résoudre les problèmes que d'autres ont résolus avant nous mais de donner aux élèves, par l'enseignement de la démarche modélisante, les méthodes et les moyens de reconnaître, de formuler correctement et de résoudre les problèmes nouveaux que pose tous les jours un monde en évolution de plus en plus rapide. 1980, sur l’enseignement de l’informatiqueHebenstreit, J. (1980). Les ordinateurs à l’école pourquoi ? Revue de l’EPI (Enseignement Public et Informatique).https://epi.asso.fr/revue//histo/h80-hebenstreit-simon.htm À les en croire [les tenants de l’enseignement de la programmation], l'exercice de la programmation apprendrait aux élèves :
Objectivement, les tenants de cette thèse prennent leurs désirs pour des réalités. La vérité, c'est qu'il serait souhaitable que les futurs programmeurs aient les qualités énumérées ci-dessus mais que l'enseignement de la programmation même à haute dose a été, jusqu'à présent, incapable de développer ces qualités chez ceux qui ne les avaient pas. Les innombrables rapports sur les méthodes de travail et la productivité des programmeurs professionnels sont là pour en témoigner. (…) Aujourd'hui, on affirme que l'algorithmique enseignée comme une discipline autonome pourrait, elle donner aux élèves ce que l'enseignement des mathématiques s'est avéré incapable de donner sauf à une toute petite élite, à savoir les élèves capables de suivre l'enseignement secondaire long. L'examen de ce qui se passe dans le secteur de l'informatique professionnelle ne permet en rien d'affirmer que ceux qui ont suivi un enseignement d'algorithmique sont plus capables ou mieux capables de poser et de résoudre des problèmes. […] De plus, l'introduction de l'informatique comme discipline autonome et supplémentaire irait à rencontre du but principal poursuivi, c'est-à-dire l'incitation de tous les enseignants à utiliser l'ordinateur dans leur enseignement. En effet, la création d'un corps d'enseignants en informatique aura vis-à-vis de l'ensemble des enseignants un effet démobilisateur. Au lieu que chaque enseignant se sente concerné par ce que l'utilisation de l'ordinateur peut apporter dans sa discipline, il aura une tendance naturelle à se désintéresser du problème en le laissant aux bons soins du « spécialiste ». 1992, sur la subsidiarité de la techniqueHebenstreit, J. (1992). Les nouvelles techniques de l’information dans l’éducation vers un nouveau paradigme. Bulletin de l’EPI (Enseignement Public et Informatique), (67), 61‑75. https://edutice.archives-ouvertes.fr/edutice-00001109/document
Ce que nous avons appris jusqu'ici Les expériences, la pratique et les recherches menées pendant ces vingt dernières années nous ont appris un certain nombre de faits importants ;
Les ordinateurs utilisés dans l'enseignement (y compris le primaire) ne doivent en aucun cas être des ordinateurs-jouets. Ils doivent être capables d'exécuter à grande vitesse des logiciels généraux comme des éditeurs de texte, des tableurs, des bases de données, des logiciels de musique et de dessin et doivent, autant que possible avoir des écrans en couleur.
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